La France n’est pas complice du génocide au Rwanda, selon une commission mise Par Emmanuelle Macron
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La France porte le fardeau de «lourdes et accablantes responsabilités» dans le génocide rwandais mais n’a pas été complice du massacre, selon les conclusions d’une commission officielle mise en place par Emmanuel Macron. Pas moins de 800 000 personnes, principalement issues de la minorité ethnique tutsie du Rwanda, ont été massacrées lors d’une vague d’homicides en 1994.
Le rapport publié vendredi a confirmé les accusations longues et persistantes selon lesquelles la France n’avait pas fait assez pour mettre fin aux tueries, mais a déclaré qu’il n’y avait aucune preuve de complicité dans les massacres.
«La crise rwandaise s’est terminée par un désastre pour le Rwanda et une défaite pour la France», indique le rapport. «Mais la France est-elle complice du génocide des Tutsis? Si cela signifie une volonté de s’associer à l’entreprise génocidaire, rien dans les archives consultées ne le prouve.
«Néanmoins, la France a longtemps été impliquée dans un régime qui encourageait les massacres racistes. Elle est restée aveugle à la préparation d’un génocide par les éléments les plus radicaux de ce régime », a conclu la commission.
Le rapport de 1200 pages a été présenté vendredi au président français par l’historien Vincent Duclert, chef de la commission de 15 personnes dont les chercheurs ont travaillé sur le sujet pendant deux ans et ont eu accès à des documents sensibles du renseignement diplomatique et militaire.
Les accusations selon lesquelles la France, alors dirigée par le président socialiste François Mitterrand, pourrait avoir joué un rôle dans le génocide, ont entravé les relations franco-rwandaises pendant la plus grande partie des trois dernières décennies.
Les massacres ont été déclenchés lorsqu’un avion transportant Juvénal Habyarimana, le chef du gouvernement rwandais dirigé par les Hutu et le président burundais Cyprien Ntaryamira, a été abattu le 6 avril 1994.
Les tueries ont commencé le lendemain et se sont poursuivies jusqu’au 15 juillet. Pendant plus de 100 jours, des milices armées ont massacré des membres du groupe ethnique tutsi et des Hutus modérés dans une vague de brutalité qui a choqué la communauté internationale, même si aucun pays extérieur n’est intervenu pour arrêter les massacres.
Beaucoup de petits villages ont été tués par leurs propres voisins à l’aide de machettes et de fusils. Entre 250 000 et 500 000 femmes auraient été violées.
Les troupes françaises ont mené une intervention militaro-humanitaire appelée Opération Turquoise lancée par Paris dans le cadre d’un mandat de l’ONU entre juin et août 1994, mais les critiques ont déclaré qu’elle était destinée à soutenir le gouvernement hutu responsable du génocide, une affirmation que le rapport confirme.
La commission a déclaré que Paris avait adopté «un schéma binaire opposant d’une part l’ami hutu, incarné par le président Habyarimana, et d’autre part l’ennemi décrit comme« Ougandais-Tutsis »pour désigner le FPR [Front patriotique rwandais]. «Au moment du génocide, il a été lent à rompre avec le gouvernement intérimaire qui menait le génocide et a continué à placer la menace du FPR en tête de son agenda», indique le rapport.
«Il a réagi tardivement avec l’opération Turquoise, qui a sauvé de nombreuses vies, mais pas celles de la grande majorité des Tutsis du Rwanda, qui ont été exterminés dans les premières semaines du génocide.
La recherche établit donc un ensemble de responsabilités, lourdes et écrasantes.
Le président rwandais, Paul Kagame, a accusé la France en 2014 d’être impliquée «avant, pendant et après le génocide» et a refusé de permettre à la ministre de la Justice de l’époque Christiane Taubira et à l’ambassadeur de France d’assister aux commémorations du 20e anniversaire du génocide.
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